©Pierre-Yves Brunaud/ AIF | Le 21 février 2014, le tribunal de Moscou a commencé à rendre son verdict pour 8 des manifestants emprisonnés de Bolotnaïa. Tous ont été reconnus coupables. La lecture des peines a été ajournée à lundi 24 février 2014. |
5 à 6 ans ont été requis contre eux au terme d’une parodie de procès à motivation politique.
Tous ont été jugés de manière inéquitable et, pour six d’entre eux au moins, Amnesty International a acquis la certitude qu’ils n’ont jamais usé de la moindre violence : ils n’ont fait que manifester pacifiquement lors d’un rassemblement autorisé le 6 mai 2012, pour contester les conditions de la réélection de Vladimir Poutine.
Dans cette affaire extrêmement emblématique de la répression de la liberté d’expression en Russie, plusieurs centaines de personnes se sont massées à l’extérieur du tribunal pour exprimer leur soutien aux manifestants emprisonnés, au cri de «Svododa, Svoboda» (liberté, liberté). Notre chercheuse, Nadia et Macha de Pussy Riot et de nombreuses personnalités de la société civile étaient présentes.
D’après les médias russes, 110 personnes dans la foule massée autour du tribunal ont été arrêtées arbitrairement.
Le verdict pour la lecture des peines a été ajourné, sans explication, à lundi 24 février matin, 10h30 heure de Moscou (8h30, heure française).Les manifestants reconnus coupables : | Artiom Saviolov – reconnu coupable Il est un prisonnier d’opinion, condamné uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de manifestation. Il n’avait jamais participé à une manifestation, avant celle du 6 mai 2012. Il était accusé de participation à des émeutes de grande ampleur et d’usage de la violence à l’encontre d’un officier de police, mais son inculpation repose principalement sur des événements qui se sont produits après sa mise en détention. |
| Stepan Zimine – reconnu coupable Il est un prisonnier d’opinion, condamné uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de manifestation. Il a participé antérieurement au mouvement « Occupy » de Moscou, et a soutenu les manifestations et les actions visant à protéger la forêt Khimki située dans la région de Moscou. Il était accusé d’avoir participé à une émeute de grande ampleur (article 212(1) du Code pénal russe) et de violences contre un représentant de l'État (article 318). Il est en détention depuis le 8 juin 2012. |
| Denis Loutskevitch – reconnu coupable Il est un prisonnier d’opinion, condamné uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de manifestation. Il n’a pas d’antécédents de militantisme politique ou de participation à des manifestations publiques. Avant son arrestation, il était cadet dans une école militaire d’élite. Il est allé sur la place Bolotnaïa avec sa petite amie, quelques camarades de classe et un professeur. Il était accusé de participation à des émeutes de grande ampleur (article 212(2) du Code pénal russe), et de violences contre un représentant de l’Etat (article 318). Il est détenu depuis le 9 juin 2012. |
| Yaroslav Beloussov – reconnu coupable Il est un prisonnier d’opinion, condamné uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de manifestation. Il étudie les sciences politiques et milite pour un groupe de droite. Il était inculpé de participation à des émeutes de grande ampleur (article 212(2) du Code pénal), et de violences contre un représentant de l’État (article 318). Il est détenu depuis le 9 juin 2012. Son inculpation reposait sur le fait qu’il aurait lancé un « objet sphérique jaune », qui aurait touché et blessé un policier à la poitrine. Selon l’accusation, l’objet lancé était une boule de billard. Selon Yaroslav Beloussov, c’était un citron. |
| Alexeï Polikhovitch – reconnu coupable Il est un prisonnier d’opinion, condamné uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de manifestation. travaille pour une compagnie d’assurance. Il est inculpé de participation à des émeutes de grande ampleur (article 212(1) du Code pénal russe), et de violences contre un représentant de l’Etat (article 318).Il est détenu depuis le 26 juillet 2012. |
| Sergueï Krivov – reconnu coupable Il est un prisonnier d’opinion, condamné uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de manifestation. C’est un militant chevronné. Avant son incarcération à la fin du mois d’octobre 2012, il participait activement aux manifestations de soutien pour les détenus de l’affaire Bolotnaïa, et avait auparavant été observateur électoral bénévole. Il a été accusé de participation à des émeutes de grande ampleur (article 212(2) du Code pénal), et de violences contre un représentant de l’Etat (article 318). Il est détenu depuis le 18 octobre 2012. |
| Alexandra Doukhanina (Naumova) – reconnue coupable Elle était inculpée de participation à des émeutes de grande ampleur, (article 212(2) du Code pénal), et de violences contre un représentant de l’Etat (article 318). Elle est assignée à résidence depuis le 29 mai 2012. Elle est accusée d’avoir lancé à petite distance un petit objet sombre vers le cordon policier ; l’objet en question aurait été une pierre qui, en touchant le casque d’un policier, lui aurait causé - de manière assez improbable - des blessures mineures. |
| Aleksey Barabanov – reconnu coupable Il était inculpé de participation à des émeutes de grande ampleur, (article 212(2) du Code pénal), et de violences contre un représentant de l’Etat (article 318). Il est accusé d’avoir donné un coup de pied à un policier à terre. Il est en détention préventive depuis le 28 mai 2012. |
Amnesty International France a remis 50 000 signatures de citoyens en France collectés depuis le mois de décembre 2013, afin d’exiger leur libération immédiate.Amnesty International a eu accès à leur dossier et suivi les audiences pour ces 8 personnes.
Dans le document
"8 manifestants en attente de leur verdict – anatomie d’une injustice", les accusations qui leur sont portées sont analysées au regard des preuves de l’accusation. Résultat : pour la grande majorité, le dossier a été monté de toutes pièces ou repose sur des témoignages de policiers peu crédibles.
Documents à télécharger :8 manifestants en attente de leur verdict – anatomie d’une injustice [PDF - 1.5Mo]Source Amnesty International France