| A partir de récits recueillis directement auprès de victimes et de témoins de crimes en 2013 et 2014, des personnalités en vue sont nommément citées pour leur rôle présumé dans ces atrocités, notamment les anciens présidents François Bozizé et Michel Djotodia, des coordonnateurs anti-balaka, comme Levy Yakété, et des commandants de la Séléka, tels que Nourredine Adam. |
Corps d'un homme musulman tué par des combattants anti-Balaka dans la ville de Boguera le 10 Février 2014. © Amnesty Internation | |
Le rapport intitulé
République centrafricaine. Il est temps de rendre des comptes, dénonce les crimes de droit international commis en République centrafricaine en 2013 et 2014, et demande que des enquêtes soient ouvertes et que les responsables de ces crimes soient poursuivis et punis.
Lire sur le même sujet : le remaniement du gouvernement ne doit pas rimer avec impunitéIl désigne nommément des membres et des alliés des milices anti-balaka et des groupes armés de la Séléka soupçonnés d'être impliqués dans de graves atteintes aux droits humains, soulignant leur rôle et indiquant la responsabilité pénale qui pourrait être la leur.
Pour que la République centrafricaine puisse se remettre de la folie meurtrière dont elle est le théâtre depuis décembre 2013, il est indispensable que ceux qui ont planifié, commis ou facilité des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou de graves atteintes aux droits humains aient à rendre des comptes »
Le conflit en République centrafricaine, qui a fait des milliers de morts, a contraint près d'un million de personnes à fuir leur domicile.
DES PERSONNALITÉ EN RCA DONT DES ANCIENS PRÉSIDENTSCe rapport dénonce nommément un certain nombre de personnalités en vue pour leur rôle dans ces atrocités, notamment les anciens présidents François Bozizé et Michel Djotodia, des coordonnateurs anti-balaka, comme Levy Yakété, et des commandants de la Séléka, tels que Nourredine Adam.
Les auteurs des attaques menées en République centrafricaine ont agi généralement à visage découvert et sans témoigner aucune crainte d'éventuelles sanctions. Dans certains cas, ils sont bien connus de leurs victimes et des autorités.
Si la plupart des suspects identifiés par Amnesty International vivent sans se cacher en République centrafricaine, d'autres se sont installés dans des pays étrangers, comme le Tchad ou la France. Aucun pays ne doit offrir une protection à des personnes soupçonnées d'avoir commis ou soutenu des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité en République centrafricaine. Les États ont l'obligation d'enquêter sur les accusations portées contre ces personnes et, s'il existe des preuves suffisantes, de les poursuivre ou de les extrader afin qu'elles comparaissent en justice.
UNE ABSENCE DE JUSTICE EN RCAL'absence d'enquêtes ou de justice concernant les atrocités commises par le passé en République centrafricaine témoigne de l'inexistence d'un système judiciaire efficace et indépendant et empêche les forces de sécurité de protéger les victimes, les témoins, les magistrats ou la population en général de la violence ou des représailles. En outre, en l'absence de lieux de détention sécurisés, les suspects de crimes de droit international et d'atteintes aux droits humains parviennent souvent à s'évader quand ils sont arrêtés.
La présence de forces internationales de maintien de la paix n'a pas permis de mettre un terme à la violence. Des membres de ces forces, notamment des soldats tchadiens, ont même participé à de graves violations des droits humains.
Pour combattre l'impunité, il est aussi nécessaire d'enquêter sur les atteintes aux droits humains qu'auraient commises les soldats et officiers de l'Armée nationale tchadienne lors de cet épisode et d'autres incidents en République centrafricaine.
Amnesty International demande que des mesures soient prises de toute urgence à l'échelle locale, régionale et internationale pour reconstruire le système judiciaire et les mécanismes d'application des lois du pays. Les preuves des atteintes aux droits humains doivent être préservées et les témoins et victimes identifiés et protégés.
Amnesty International appelle également les autorités à envisager la création d'un tribunal hybride, composé d'experts centrafricains et internationaux, pour juger les crimes de droit international et aider à renforcer le système judiciaire national. Ce tribunal n'empêcherait pas la Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert un examen préliminaire de la situation, d'engager des poursuites dans un certain nombre d'affaires.
LIRE/TELECHARGER LE RAPPORTRCA : il est temps de rendre des comptes [Eng]Questions et réponses sur le rapportSource Amnesty France