Comme abandonnés. Au coeur de Marseille mais si loin des emplois et des services publics, des habitants du quartier le plus pauvre de métropole se sentent laissés pour compte. Et doutent que la présidentielle y change quelque chose.
Dans cet arrondissement, plus d'un habitant sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté. Le record de France. Les rues, délabrées, sont bordées de boutiques de téléphonie discount aux vitrines criardes. A la boulangerie, la baguette coûte 50 centimes d'euro.
"Le centre-ville, c'est très beau, mais ici, il n'y a rien", se lamente Anis Chelbi, un peintre décorateur arrivé de Paris il y a trois ans. Ses deux filles ne vont ni à la piscine, ni à la bibliothèque dans l'arrondissement : il n'y en a pas.
Ce père de famille, en recherche d'un travail stable, ira voter, car "c'est important pour les petites". Il aimerait plus d'emplois et de services publics, mais ne se fait pas d'illusions : "c'est un endroit oublié (...) Il n'y aura pas de changement".
Entre gare Saint-Charles et quartiers nord, ce coin de la cité phocéenne, coupé en deux par une autoroute qui frôle les façades noircies, a logé pendant des décennies les ouvriers du port et des manufactures de tabac ou d'huile.
Ce monde a disparu et laissé place au chômage et à la misère. Les prestations sociales assurent le quart du revenu des 45.000 habitants.
Du changement, on désespère d'en voir aussi à la Maison de solidarités où l'on gère la détresse sociale. Les nouveaux arrivants, des familles parfois en situation irrégulière et qui ne peuvent faire autrement, s'entassent dans des taudis que des marchands de sommeil leur louent, au prix fort.
C'est le troisième arrondissement de la cité phocéenne, déclaré le quartier comme étant le plus pauvre de Marseille.
Source : Tableau décrit par Anne Christine Poujoulat.