Des surprises sont apparues à l’issue du premier tour de ces départementales. L'UMP arrive en tête mais, blocs tout compris, droite et gauche font jeu égal.Plusieurs surprises à l’issue du premier tour de ces élections départementales. Une participation finalement un peu plus forte que prévu alors qu’on prédisait une abstention record. Un FN haut mais qui ne pourra pas parader en «premier parti de France», tel qu’il l’avait fait aux européennes de mai 2014, même s'il salue un score historique. Un PS qui, contre toute attente, résiste, et une alliance «rouge verte» qui frise le score à deux chiffres. L’UMP arrive, certes, en tête de ce premier tour mais en comparant les blocs tout compris, droite et gauche font jeu égal ce soir.
Résultats à 22h10 (© IPSOS) L’ABSTENTION MOINS HAUTE QUE PRÉVUUn nouveau mode de scrutin taxé d’illisible avec ses binômes homme-femme, des cantons redécoupés, et surtout des départements au sort menacé. A priori, ce scrutin rassemblait toutes les conditions pour une abstention record. A 49%, celle-ci est finalement plus faible qu’attendu. Au premier tour des dernières élections cantonales, en 2011, l’abstention avait grimpé à 55,68%, mais seule la moitié des sièges était alors remise en jeu. Cette année, on votait partout sur le territoire à l’exception de Paris et de Lyon. L’échelle nationale de ce scrutin local a pu donner un effet d’entraînement. Et il semble que ce sursaut de participation permette à la gauche, qu’on annonçait comme la grande perdante de ce scrutin, de limiter la casse.
UN PS QUI RÉSISTESelon les estimations de l’institut CSA, le score des tickets socialistes (ou PS-EE-LV et PS-divers gauche) frise la barre des 20%, à 19,7% des voix. En additionnant les scores du Front de gauche et de ses alliés (9,7%) et ceux des autres candidats de gauche (7,7%), le total des voix de gauche atteint 37,1%. L’institut Ipsos évalue ce socle à 36,8%, plutôt honorable pour une élection intermédiaire qui est traditionnellement difficile pour le parti au pouvoir. Manuel Valls a vu dans ce résultat de quoi valider sa stratégie de campagne, lui qui était monté en première ligne contre le Front national, son «adversaire principal». Dès 20 heures, le Premier ministre s’est «félicité» : «Les formations républicaines ont tenu leur place. L’extrême droite, même si elle est trop haute, n’est pas la première formation politique de France.» Lui qui s’est «personnellement engagé», y a vu la preuve que «quand on mobilise les Français, ça marche».
La gauche divisée serait éliminée dans près de 450 cantons, nettement moins que le prédisaient les états-majors.
L’ALLIANCE ÉCOLO-FRONT DE GAUCHE PAS SI MALManuel Valls ne devrait, en revanche, pas pouvoir trouver dans les résultats de ce soir une confortation de sa ligne politique car les autres formations de gauche ne sont pas quantité négligeable. Loin de là. A ces départementales, les écologistes et le Front de gauche testaient leur partenariat, sur le modèle de l’élection municipale victorieuse de Grenoble. Une alliance inédite à cette échelle, EE-LV partant dans 45% des cas avec le Front de gauche (et dans 18% seulement avec le PS). Cet attelage atteindrait 9,7%, selon le CSA. Les voix écolos et Front de gauche additionnées s’élèveraient à 8,3% pour Ipsos. Un score non négligeable en vue du second tour.
La patronne d’Europe Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse, a appelé «les écologistes à se rassembler autour des candidatures de gauche qui le voudront bien».
LE FN RATE LA POLE POSITIONAlors que les derniers sondages donnaient le Front national et l’UMP au coude à coude, le parti de Marine Le Pen semble se classer second, entre 23 et 26% des voix. Une estimation pas encore très lisible, d'autant qu'en nombre de voix, le FN pourrait faire mieux, en nombre de voix qu'aux européennes (24,86%, 4,7 millions de voix). Marine Le Pen, depuis son QG, a d'ailleurs applaudi «l’exploit» de ses candidats, dont le score «dépasse largement celui» du scrutin de mai 2014 et salué ce «vote massif pour le Front national qui s’enracine». Avant de cibler directement le chef du gouvernement qu’elle accuse d’avoir mené contre elle «une campagne ordurière et violente» en «stigmatisant des millions» d’électeurs du FN. Son numéro deux, Florian Philippot salue «un score historique, notre meilleur score dans l’histoire du Front national».
Dans combien des 2 054 cantons le FN sera-t-il en mesure de se qualifier? «Un nombre impressionnant» assure Marine Le Pen, mais sans doute pas le millier que de cantons que lui accordaient certaines projections. Pour ces élections, il présentait des candidats dans 93% des cantons, un maillage territorial inédit pour le parti d’extrême droite.
Quatre binômes FN ont été élus dès le premier tour notamment dans l'Aisne et en Haute-Marne et le parti de Le Pen arrive en tête dans le Doubs, le Lot-et-Garonne et en Haute-Marne.
L’UMP EN TÊTEA 31% pour le CSA (36% d’après Ipsos) selon la façon dont on prend en compte les candidats divers droite, l’UMP allié presque partout à l’UDI se classe nettement en tête. Un petit succès pour Nicolas Sarkozy qui relevait là son premier test électoral d’ampleur depuis son retour à la tête de l’UMP. Et ce même si le bloc de droite était autour de 32% des voix, en 2011 soit en pleine débâcle pour la droite au pouvoir. Pas si éloigné de la jauge de ce soir autour de 35-36%. Alain Juppé a préféré insister sur le «désaveu de la majorité» et l'absence «de vague Bleu Marine».
Nicolas Sarkozy a d’ores et déjà assuré que sa formation ne conclurait, en vue du second tour, «aucun accord local ou national» avec les dirigeants du FN. Pour l’empoisonnante question des duels entre candidats PS et FN, le président de l’UMP reste arc-boutée sur son ni-ni, ni Front national ni front républicain, une ligne tranchée dans la douleur début février lors de la législative partielle du Doubs.
Source Libération (Laure Equy)