Avec ce vent, la girafe va être encore plus mal peignée.
Et pourtant, aujourd'hui, je n'ai qu'une envie, celle de « peigner la girafe ».
Son histoire, dont il doit rester quelques souvenirs à Massilia :
Dans la fin des années 1820, Méhémet-Ali, vice-roi d'Égypte, en remerciement de l'appui apporté par la France dans sa lutte contre le sultan alors régnant, eut l'idée d'offrir au roi des Français, une jeune girafe. Louis-Philippe, pour ne pas froisser son allié, ne put qu'accepter le cadeau. Mais que de problèmes pour acheminer l'animal d'Alexandrie à Paris, sans casse et avec les moyens de l'époque !
Aucun navire n'offrant de cale suffisamment haute pour accueillir la bête au cou démesuré, il fallut pratiquer sur le pont, une ouverture spéciale, qui permettait à la tête du girafon d'émerger à l'air libre. Arrivée à Marseille le 14 novembre 1826, elle y passa l'hiver et fut conduite dès le printemps à Paris où elle arriva le 30 juin 1827. Toute une escorte de soigneurs, de vaches pour fournir du lait à l'animal pas encore sevré, fut mobilisée pour acheminer, à pied bien sûr, la girafe de Marseille jusqu'au Jardin des Plantes à Paris. Elle resta ensuite au Jardin des Plantes où elle fut une attraction populaire. Depuis son départ d'Egypte jusqu'à sa mort, elle a été accompagnée par un soigneur égyptien dont l'une des occupations était de « peigner la girafe » pour qu'elle ait belle allure.
On imagine mal aujourd'hui, l'engouement populaire suscité par la présence de l'animal qu'on ne connaissait jusqu'alors que par des dessins. La presse consacrait chaque jour une rubrique aux mœurs, au régime alimentaire, aux mensurations du girafon. Afin de bien lustrer son poil, on imagina une brosse à très long manche qui permettait de lui gratter le cou sur toute la hauteur. L'opération ayant lieu à heures fixes, bourgeois et populaire se pressaient autour de l'enclos réservé pour voir « peigner la girafe »... L'expression nous est restée : on peigne la girafe, quand on n'a pas grand chose à faire de plus productif. Elle est actuellement visible, naturalisée, au Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle.